PREMIER CYCLE (1er nov. 2004 au 8 février 2005) .................................. (100 jours, cf. journal du 8 février)
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Novembre 2004
Décembre 2004
Janvier 2005
février 2005
DEUXIEME CYCLE (9 février 2005 au 21 mars 2005) .......... .................... (jeu de 50 perles de verre)
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février 2005
mars 2005
TROISIEME CYCLE (commencé le 22 mars 2005)
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mars 2005
Vendredi 25 mars 2005
Je m'aperçois seulement ce soir que nous étions le vendredi saint, jour qui si on est chrétien, commémore la crucifixion de Jésus-Christ.
Cela ne me dit plus rien aujourd'hui et j'ai mangé de la viande sans y réfléchir, et si je me souviens bien de ce que me disait l'Abbé Lambert quand j'allais au catéchisme à Bérou la Mulotière, j'irai donc en enfer.
je me souviens quand même, qu'étant enfant de choeur, j'avais le droit de ne pas aller en classe pour assister le curé au chemin de croix. C'était formidable et cela m'impressionnait beaucoup. Bien sûr il n'y avait que trois pelés et tondus à Bérou qui faisaient le déplacement, et ce n'en était que plus mortel. Mais j'aimais la tenue identique à celle de l'enfant de choeur peint par Soutine en 1928.
Au chemin de croix, je préférais les enterrements et les baptêmes (" le pourboire laissée à l'enfant de choeur était plus conséquent) où j'avais pour l'occasion aussi la dispense de l'école.
je n'ai jamais su si c'était légal à l'époque, car c'est ma mère qui était l'institutrice, et c'est possible qu'elle me laissait au curé pour ne pas avoir d'histoires.
Car à cette époque les trois piliers du village étaient bien sûr le maire, le curé et l'instituteur.
En dehors du contexte chrétien, la crucifixion a vraiment existé comme supplice et méthode de mise à mort, dès l'antiquité grecque et romaine.
Durant la Seconde Guerre mondiale, les nazis ont exécuté des condamnés par crucifixion, afin de se livrer à des « expériences médicales ». Selon leur constitution, les condamnés survivaient entre une dizaine de minutes et plusieurs heures.
Le condamné était fixé bras écartés sur une poutre horizontale (patibulum) avec des cordages (effet de garrot), éventuellement doublé d'un enclouage des poignets (souffrances accrues) ; les pieds, encloués ou attachés, reposaient sur une console en bois fixée sur le montant vertical. Contrairement à ce que laisse penser la tradition picturale chrétienne, la croix était plus probablement en forme de T, et d'une taille à peine supérieure à celle d'un homme debout.
je passe sur les préliminaires(flagellation, passage à tabac) pour préparer le condamné sans l'achever prématurément mais lui réserver le maximum de souffrances.
Physiologie : La mort survient par asphyxie : dans la position du crucifié, les muscles des épaules, pectoraux et intercostaux soutiennent le corps, et se fatiguent rapidement. Or, ces muscles sont ceux qui assurent la respiration. Pour les soulager, le condamné se soulève sur ses pieds éventuellement encloués, créant une nouvelle douleur. Les muscles des jambes se fatiguent à leur tour et le corps retombe. Cette alternance entre blocage et détente respiratoire finit par créer des crampes conduisant à l'asphyxie.
Pour accélérer la mort, les jambes du condamné sont brisées à la barre de fer (crurifragium). Le condamné ne peut plus alors se redresser et s'épuise rapidement.
Les crucifixions sont un des grands thèmes dans l'histoire de la peinture. Il n'est donc pas question que je m'y lance. J'aimerais juste en choisir deux ou trois pour marquer le coup et que je choisis uniquement parce qu'elles ont quelque chose qui me surprend, que je trouve original, ou qu'elles ont un rapport avec des pages antérieures du journal.
La crucifixion de Gérard David, bien sûr.
Le peintre du jugement de Cambyse, vous vous souvenez le châtiment infligé au juge Sisamnès... et des chiens qui se baladaient...(et qui nous ont fait d'ailleurs enchaîner sur la mort de Procris de Piero di Cosimo...)
Et bien il n'a pas pu s'empêcher d'en remettre un au pied de la croix, qui fouille par terre parmi les os des anciens suppliciés : os iliaque (du bassin), mâchoire, fémur, crâne...!
ce tableau peint en 1515 se trouve à la Gemäldegalerie à Berlin.
Les crucifixions du sicilien Antonello da Massina (1430- 1476).
Celle de gauche est à Budapest, celle de droite est à Anvers. Ce qui est étonnant c'est bien sûr l'attitude des deux larrons qui sont avec lui. D'abord ils ne sont pas sur une croix mais sur un arbre, et la torsion de leur corps est d'une beauté qui frise la danse contemporaine. Il exécutent avec le Christ un vrai ballet.
On y reviendra sans doute car il a fait quelques autres compositions époustouflantes !
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Et puis une crucifixion avec Marie Madeleine de Luca Signorelli (élève de Pierro della Francesca) peinte vers 1500-1503, étonnante par son fond quasiment vide, avec des formes en boules dans le fond, des formes et des couleurs qui me font penser à Yves Tanguy.
Dans certaines études on dit qu'il centrait ses compositions et ses efforts sur les figures et délaissait les autres parties du tableau. Et bien alors, si c'est vrai, c'est ce vide-là qui visiblement me plaît et m'attire.
Impossible de parler de la crucifixion sans penser à Francis Bacon, à ses études pour une crucifixion de 1962, et autre triptyque ou tableaux qui reviennent fréquemment dans son oeuvre sur ce thème.
On se souvient de la citation de Deleuze dans Francis Bacon. Logique de la sensation : " « J’ai toujours été très touché par les images relatives aux abattoirs et à la viande, et pour moi elles sont liées étroitement à tout ce qu’est la Crucifixion. C’est sûr, nous sommes de la viande, nous sommes des carcasses en puissance »
Article du Monde du 19 mars sur l'exposition qui a lieu en ce moment Bacon/Picasso :
" 1944, l'année de son triptyque Trois figures à la base d'une crucifixion : " une œuvre charnière avec survivance du surréalisme et inauguration de l'espace baconien. Des abominables monstres qu'il y met en scène sur un fond rouge, Bacon a prétendu qu'ils étaient venus de formes apprises par cœur en observant des photos d'animaux et de planches de maladies rares de la peau. Sans oublier de citer Eschyle, quand les Erinyes se gorgent du sang d'Oreste."...
" Le triptyque dans sa version froide de 1988 est un des pôles de l'exposition parisienne, où il est mis en relation avec des œuvres de Picasso tournant autour du thème de la crucifixion." ...
Je ne peux pas penser crucifixion sans me rappeler ma jeunesse à dévorer La Crucifixion en rose de Henry Miller, achetée chez Buchet-Chastel.
sa fameuse trilogie Sexus (1949 ! l'année de ma naissance),Plexus (1952), Nexus (1960)
"Ma vie n'a été qu'une longue crucifixion en rose" écrivait-il !